Présentation

BELGIQUE • NÉ EN 1972

LES ESPRITS DE LA FORÊT


Bienvenue au Bénin, ancien royaume de Dahomey et berceau du vaudou. Sur cette terre nichée au nord du golfe de Guinée, coincée entre le Togo à l’ouest et le Nigeria à l’est, la frontière entre les morts et les vivants est plus ténue que le profane veut bien le croire.

Qu’est-ce que le vaudou, exactement ? Une religion, au même titre que le christianisme et l’islam - eux aussi très développés dans la région. Ses pratiquants vénèrent un panthéon de dieux et de divinités mineures qui habitent les éléments de la nature allant d’une pierre à une cascade d’eau… ou un arbre. Il aura fallu du temps, de la patience, et l’autorisation des chefs spirituels du pays pour que Gaël Turine, sensible aux reportages de société, puisse accéder aux forêts sacrées de Mitogbodji, de Fâ-Zoun ou de Houinyèhouévé : des espaces fermés, des lieux de culte interdits aux profanes. Ici, la divinité sait que vous êtes là, mais vous ne la verrez pas : elle permet aux mortels de subsister et de s’épanouir, mais vit cachée. Et c’est grâce aux connaissances traditionnelles, aux tabous et totems, aux contes et légendes transmises à travers les générations que ces forêts sont restées protégées des activités humaines.
Reste que celles-ci ne représentent plus que 0,2 % du territoire et sont menacées par la pression démographique, l’extension des terres agricoles, et l’expansion des églises évangéliques. Entre 2005 et 2015, la superficie totale des forêts du Bénin a diminué de plus de 20 %, tandis que le taux de déforestation se poursuit à plus de 2 % par an, selon la Banque mondiale.

Cette situation complexe, Gaël Turine a voulu la comprendre, la documenter en se concentrant sur la survivance de ces rites liés à la seule existence d’une nature préservée. Si celle-ci disparaît, si ces sources de vie sont souillées, c’est tout un système de croyances, toute une culture qui s’effaceront à jamais.
 


CHEMIN DES LIBELLULES

 



Gaël Turine est le lauréat 2023 du Prix Photo Fondation Yves Rocher en partenariat avec Visa pour l’Image. Une bourse de 8 000 euros lui a été remise pour la réalisation de ce travail, présenté pour la première fois dans sa totalité à La Gacilly.

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Remerciements à l’écrivain Laurent Gaudé (Prix Goncourt 2004 pour son roman Le Soleil des Scorta) qui a généreusement prêté sa plume pour un texte inédit accompagnant le travail de Gaël Turine.
© Gaël Turine • Exposition Les esprits de la forêt