Vue de l'exposition d'Aglaé Bory - Festival Photo La Gacilly 2021 © Jean-Michel Niron
Afin d'interroger plus profondément ces questions via le médium photographique, l’association du Festival Photo La Gacilly met en œuvre une résidence de création Ruralité(s) confrontant différents regards et disciplines. L’objet de cette résidence photographique est de participer à faire apparaître les contours de ces ruralités qui s’inventent, d’en cartographier les possibles, d'en rendre visible la vitalité.
En collaboration avec le Musée de Bretagne aux Champs Libres, à Rennes, ce projet de résidence s’envisage comme un acte de redécouverte et de questionnement photographique de nos territoires ruraux et des bouleversements qui les traversent.
Jérôme Blin, lauréat de la Résidence Ruralité(s) #2
Pour cette seconde édition, le jury a désigné Jérôme Blin. Son œuvre s’appuie sur une démarche documentaire en laissant une large place à la sensibilité de son regard sur les personnes qu’il rencontre et en interrogeant sa propre trajectoire personnelle. Ce projet s’inscrit dans la poursuite de son travail sur le monde rural et des périphéries. Jérôme Blin a souhaité cette fois s’intéresser à cette jeunesse des campagnes à l’heure de ses choix et non choix, entre un ici et un ailleurs, rester ou tout quitter, peut-être pour mieux revenir.
« Je souhaite une photographie ouverte, une photographie qui part du document mais qui n’oublie pas sa part sensible, poétique, plastique et qui peut aussi laisser entrer une part de fiction. […] Je pars du réel pour ensuite laisser la place au spectateur. » Jérôme Blin
Biographie
Originaire de Redon et issu du monde paysan Jérôme Blin a travaillé quelques années dans le milieu industriel, avant de devenir photographe. Son travail photographique se développe autour de deux univers qui parfois se rencontrent. Dans le quotidien et l’intimité de la cellule familiale, ses photographies interrogent la notion de filiation et sont des reflets sensibles pour chacun.
Après avoir rendu hommage au monde rural en photographiant ses parents lors de la reprise de leur ferme, il revient travailler en milieu rural ou dans ces zones péri-urbaines, « ces non-zones » aux abords des grandes métropoles, pour y construire des histoires peuplées de sa propre trajectoire. Sa photographie navigue entre réel et fiction où l’esprit du lieu devient sujet.
Parallèlement à son travail photographique, Jérôme Blin a co-fondé les éditions Sur la Crête qui promeuvent la photographie contemporaine avec une approche documentaire où se mêlent sensibilité et regard singulier.
© Alice Robert | Jérôme Blin © Jérôme Blin
RURALITÉ(S), UNE RÉSIDENCE DE CRÉATION
De la paysannerie à l’agriculture moderne, des lavoirs aux machines à laver, c’est plus d’un siècle de transformations démographiques, géographiques, mais aussi culturelles qui en quelques générations opèrent une fulgurante métamorphose des campagnes en France. À l’exode rural du XIXe siècle et son pendant du "retour à la terre" dans les années 70, des néo-ruraux désirant expérimenter de nouvelles formes sociales et un esprit utopique, s’ajoute aujourd’hui le mouvement pendulaire de toutes les personnes qui vivent les deux réalités, rurale et urbaine, en faisant quotidiennement la navette de leur domicile à leur travail. L’étalement progressif des villes créant une péri-urbanité rend plus floues encore les frontières entre ces territoires.
Ces transformations anciennes ou en cours, font de l’espace rural un lieu où différentes réalités se croisent et se superposent. Le vieillissement de la population, la disparition des lieux de socialisation, le désengagement progressif de l’état, les déserts médicaux sont des réalités concrètes. Le sentiment de marginalisation, de provincialisation coexiste avec la fierté d’appartenir à un terroir et à une culture singulière bien vivante. Parallèlement depuis une vingtaine d’années on observe à nouveau un mouvement de retour vers ces territoires ; "renaissance rurale" pour les uns, ou "gentrification rurale" pour les autres, des citadins choisissent à nouveau de s’installer durablement dans ces espaces, ils y greffent de nouvelles visions, de nouvelles façons d’appréhender le paysage.
Ces différentes sociologies des habitants de ces territoires créent une nouvelle entité culturelle imprévisible, hybride, infiniment fertile, qui résiste à toute typologie. De nouvelles façons d’habiter l’espace rural et d’y projeter un imaginaire s’organisent.
© Jean-Michel Niron / Galerie Rue Saint-Vincent Photo La Gacilly 2020
UNE RÉSIDENCE DE CRÉATION ET DE COLLABORATION
Une résidence de création mise en œuvre par le Festival Photo La Gacilly en collaboration avec les Champs Libres à Rennes. Ce programme bénéficie du soutien financier de la Région Bretagne et de la Direction Régionale des Affaires Culturelles de Bretagne et est réalisé avec le concours de L’Oust à Brocéliande Communauté avec une dotation totale de 11 000 €* pour le.la photographe désigné.e par le jury.
• Une résidence de création et de production entre Octobre 2021 et Février 2022. L’artiste bénéficiera d’un logement et pourra utiliser les espaces de travail de l’association du Festival Photo La Gacilly ;
• 3 expositions événementielles :
> 2022 pour la 19e édition du Festival Photo La Gacilly et en 2023 pour le Festival Photo La Gacilly-Baden (Autriche)
> 2022 aux Champs Libres à Rennes dans le cadre de la programmation d'expositions temporaires
• L’acquisition d’un portfolio de 10-15 photographies pour une valeur de 3000€ par le Musée de Bretagne des Champs Libres
• Un programme d’actions culturelles développé pendant le temps de résidence et au cours des temps d’exposition sur le territoire de L’Oust à Brocéliande Communauté.
* La dotation de 11 000 €TTC comprend la rémunération de l’artiste pour le temps de création en résidence, ses droits de monstration à La Gacilly, à Baden en Autriche et à Rennes pour les Champs Libres ainsi que les différentes sollicitations pour des actions culturelles et enfin l’acquisition d’un portfolio pour les collections du Musée de Bretagne.
© Jean-Michel Niron / Galerie Chemin des libellules La Gacilly 2020
Aglaé Bory, lauréate de la Résidence Ruralité(s) 2021
France - Née en 1978
Les horizons, cartographie des possibles
Aglaé Bory fait partie de cette nouvelle génération de photographe qui place l’humain au cœur de son travail photographique. Cette artiste s’affranchit des codes de la photographie humaniste en développant une esthétique et des fictions qui prennent appui sur une démarche documentaire. L’histoire qu’elle nous raconte n’appartient plus aux personnages de ses images. Elle se l’approprie et la réinvente par ses compositions et les surimpressions narratives qui se jouent dans ses photographies. Dans ce travail réalisé au cours d’une résidence de création à La Gacilly, Aglaé Bory interroge l’espace intime et poétique de l’horizon. Insaisissable et pourtant omniprésent dans nos paysages, l’horizon est cette ligne mouvante, ce point de convergence de nos regards et de nos pensées mais également cette ligne de démarcation entre le visible et l’invisible. Pensée comme une installation, cette série aborde la verticalité de l’horizon, de celui qui regarde ou qui est regardé. Ce parti pris photographique interroge nos façons d’habiter un monde partagé et pluriel à la fois. « Nous avons besoin plus que jamais d’horizons partagés. Nous faisons des images pour créer du sens, pour réinventer les liens qui fondent une société, pour nous redonner des horizons communs, une identité en mouvement et pour ainsi faire histoire. » En vivant au cœur de ces paysages et en rencontrant celles et ceux qui l’habitent, qui les travaillent, qui les rêvent, Aglaé Bory nous donne à voir, à imaginer l’infini des possibles de nos ruralités.
© Aglaé Bory
UNE ASSOCIATION ENGAGÉE AUPRÈS DES AUTEURS
Revendiquant depuis sa création en 2004 son soutien auprès des artistes pour leur production, diffusion et rémunération, le Festival Photo La Gacilly développe chaque année un programme de soutien à la création. Ce programme se traduit notamment par une commande photographique réalisée depuis plus de 10 ans avec le Conseil Départemental du Morbihan mais également depuis 2015 par un concours destiné à la jeune photographie humaniste et environnementale dans le cadre d’une collaboration avec Fisheye.
L’association développe également ponctuellement des dispositifs de résidence de création pour permettre à un.e photographe de travailler sur un temps long à l’écriture et à la production d’une création sur des sujets au cœur du projet associatif du Festival Photo La Gacilly.
© Jean-Michel Niron / Galerie Le Garage Festival Photo La Gacilly 2020