Type d'exposition
Photographe
Description (formaté)

Côte d'Ivoire • Née en 1974

Rêveries

Certains artistes aiment explorer les frontières de leur art. En expérimentant de nouveaux procédés, ou bien en s’imposant des contraintes techniques. En ce sens, les deux séries de Joana Choumali, présentées cette année, sont de véritables expériences, qui mettent en lumière une culture et une géographie, et offrent un résultat inédit, émouvant, un voyage au cœur de l’enfance, à mi-chemin entre Le Petit Prince et un conte onirique.

Dans la première, Ça va aller, l’artiste ivoirienne dont le travail a été consacré par plusieurs expositions (notamment à Paris Photo mais également au musée du Quai Branly - Jacques Chirac) a voulu n’utiliser, qu’un smartphone, pour documenter l’atmosphère maussade et mélancolique qui a envahi sa ville natale, après l’attaque terroriste dans la station balnéaire de Bassam, en 2016. Pourquoi ? La raison est surtout pratique : pour pouvoir photographier les gens endeuillés plus discrètement, avec plus de pudeur et de manière moins invasive qu’avec un appareil photo classique. Dans un pays où les troubles psychologiques et les traumatismes psychiques ne sont que très peu reconnus et encore moins adressés, les conversations difficiles sont rapidement écourtées par un « ça va aller ». Il en ressort des impressions aux couleurs pastels qui sont autant d’images d’espérance. Une manière de conjurer la violence du monde.

Dans la seconde série, Alba’hian (« première lueur du jour » en langue agni), Joana Choumali a transformé sa préparation physique matinale pour un trekking, en des sessions de création artistique. Tous les jours, alors qu’elle se lève pour aller marcher, elle prend des photos de son environnement qui se réveille peu à peu entre 5 et 7 heures du matin. Des images sur lesquelles elle superpose un alliage de collage, de broderie, de matelassage et de photomontage ; des fresques composées dans le langage brouillé de ces rêves qui nous habitent encore quelques heures après notre réveil.

Des créations empreintes d'émerveillements, de désirs, de joies et de peine, au carrefour du réel et de l'imaginaire.

JARDIN DES MARAIS

Remerciements à la African Artists' Foundation à Lagos