Présentation
Royaume-Uni • Née en 1985
Urbex, quand la nature reprend ses droits
Lorsque la photographe britannique Gina Soden pénètre dans un lieu abandonné, c’est toujours le silence qu’elle trouve en premier. Viennent ensuite les murs fissurés, les vitres brisées, la peinture écaillée, les meubles poussiéreux, des herbes sauvages qui ont envahi les espaces clos… Plutôt que de fuir la déshérence de ces endroits que tout le monde semble avoir abandonnés, Gina Soden en fait son royaume, son champ d’expression artistique. Elle y voit une richesse esthétique et une mémoire patinée par le temps. La photographe écume l’Europe à la recherche de châteaux hantés, d’hôpitaux délabrés, d’usines désaffectées, et de manoirs abandonnés. Sans jamais révéler leurs emplacements, elle les revisite le temps d’une prise de vue.
Son approche n’est pas documentaire. Elle préfère jouer avec la composition de ces endroits pour leur redonner vie presque artificiellement. Chaque image révèle une esthétique radicalement picturale. Mais contrairement à d’autres photographes dits « d’urbex » ou « d’exploration urbaine », ses œuvres ne sont jamais lugubres ou anxiogènes. Exposées dans des galeries à Londres et à Paris, elles amènent à réfléchir sur la notion de patrimoine, sur notre rapport à l’histoire et à l’obsolescence, programmées ou non.
Dans une époque obsédée par le beau, le neuf, le parfait et le lisse, la photographe réfléchit sur le délabrement, le pourrissement, la détérioration… et, in fine, l’idée sous-jacente de la mort – en tout cas de la disparition. Une philosophie et une approche qui permettent à Gina Soden de sauver brièvement de l’oubli des architectures en perdition. Des lieux qui témoignent d’un passé ne s’effaçant pas assez vite par rapport à la marche du progrès. Des images qui montrent souvent que la “fin” de quelque chose est toujours le début d’une autre. Une poésie à l’origine du succès de cette photographe londonienne qui a su faire de l’abandon une renaissance.
RUE SAINT-VINCENT

© Gina Soden • Exposition Urbex, quand la nature reprend ses droits
