Présentation
FRANCE • NÉE EN 1995
LES DAMNATIONS DE LA NATURE
C’est un talent brut, une artiste sensible, soucieuse d’une vérité clinique qui est cette année récompensée par le Prix Leica des Nouvelles Écritures de la photographie environnementale, initié par le Festival Photo La Gacilly. Depuis ses débuts, au terme de ses études à l’École nationale supérieure des arts visuels de La Cambre à Bruxelles, Alice Pallot n’a de cesse d’interroger la relation ambigüe entre l’être humain et son environnement en constante mutation, soulevant des questions intrinsèquement liées à notre époque. Visuellement, dans ses expérimentations, elle tend à révéler des réalités cachées en ouvrant les portes de son imaginaire.
« À travers [mes images], je m’intéresse à l’influence de l’Homme et de la science sur la nature et aux liens qu’ils développent entre eux, explique-t-elle. À partir de cela, je crée des univers fictionnels, souvent par le biais de la narration. Je redonne vie à une nature qui s’éteint. Pendant mes voyages, je joue avec les éléments naturels qui m’entourent. Ma démarche s’apparente à celle d’un chercheur ; je me documente, explore, recherche puis je vais sur le terrain pour développer mon projet. À travers une esthétique froide et fantasmagorique, j’entraîne le spectateur dans un univers parallèle inspiré de la réalité. »
Le résultat de cette réflexion apparaît avec force dans sa dernière série Algues Maudites qui dénonce et sensibilise au problème de la prolifération des algues vertes sur les côtes bretonnes : apportées par la présence de nitrates et de phosphates, elles envahissent le littoral et, lorsqu’elles se décomposent, deviennent toxiques.
Une concentration extrême de ce fléau provoque, dès lors, un appauvrissement en oxygène, un déséquilibre des écosystèmes et une perte de biodiversité. De même, avec Oasis, elle dévoile le non-sens d’un marché floral qui célèbre la beauté mais génère en revanche une pollution que l’on ne soupçonne pas.
Captant l’invisible, dans une esthétique souvent futuriste, travaillant sur des couleurs étranges comme autant de filtres sur notre nature maltraitée, Alice Pallot rappelle dans ses œuvres la fragilité et l’imprévisibilité de ce monde que nous mettons à l’épreuve.
LABYRINTHE VÉGÉTAL