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ROYAUME-UNIS • NÉ EN 1935

La vie, la mort et ce qui reste

Don McCullin a une relation compliquée avec la guerre. Il lui arrive même de dire qu’il courait après les conflits comme l’alcoolique après une canette de bière. Chypre, le Vietnam, Cuba, le Cambodge, le Salvador, l’Irlande… C’est en pionnier du photojournalisme - et aux côtés de noms tels que Capa, Jones Griffiths ou Burrows - qu’il donne ses lettres de noblesse à la discipline. Ses photos permettent à tout un public d’être informé de ce qui se déroule à des milliers de kilomètres de chez lui ; des clichés qui bouleversent l’opinion publique et les consciences.

Né en 1935 dans le quartier populaire de Finsbury Park à Londres, Don McCullin débute sa carrière presque par hasard : en 1959, une de ses photos du gang « The Guv’nors » est publiée par The Observer après le meurtre d’un policier. La violence est au coeur de sa renommée, mais elle n’est pas le seul aspect de son travail. En marge de ces reportages, McCullin s’intéresse aux populations marginalisées dans sa propre ville, photographiant des sans-abris, des migrants, des ouvriers. C’est là qu’émerge son regard social, hérité de l’enfant du Londres qu’il est. Celui d’un témoin précoce de la misère ambiante, qui sait cerner les fractures sociales de son pays, les laissés-pour-compte de l’industrialisation, les recalés de la mondialisation.

Anobli en 2017 par la Reine, il est l’un des rares photographes à avoir reçu une telle distinction consacrant une carrière exceptionnelle. Aujourd’hui, il s’est installé dans le Somerset et se consacre à la photographie de paysage. Une transition qui pourrait surprendre. Mais finalement, pas tant que ça. Dans les ciels nuageux de la campagne anglaise, dans les ruines suppliciées de Palmyre, en Syrie, Don McCullin continue de voir la griffe de l’histoire et l’empreinte d’une violence. Ses photos, même de lieux paisibles, sont comme chargées de poudre. Comme un éternel écho aux théâtres de guerre qui ont façonné son regard de manière irréversible.

LE GARAGE

© Don McCullin • Exposition La vie, la mort et ce qui reste