Présentation

Royaume-Uni • 1941-1972
Les Anglais dans le viseur

Il est de ces artistes qui partent toujours trop tôt. Tony Ray-Jones n’aura vécu qu’une trentaine d’années, mais son nom est désormais indissociable de la photographie anglaise. Formé au London College of Printing puis à Yale aux ÉtatsUnis, il découvre la vitalité de la scène photographique américaine de l’époque, animée par les ténors de la street photography comme Garry Winogrand, Lee Friedlander ou Joel Meyerowitz.

De retour au Royaume-Uni, il arpente les stations balnéaires (Blackpool, Margate, Brighton) et s’attache aux détails, à ce qui fait la substantifique moelle de la vie anglaise de l’époque : tenues élégantes, pique-niques contrariés par la pluie et autres petits rituels sociétaux. Son style, une empathie matinée d’ironie et de spontanéité, marque un tournant. Il jette un regard neuf sur les mœurs de ses compatriotes, sans jamais sombrer dans la méchanceté gratuite. Sortant des sentiers battus, curieux de tout, ce jeune prodige de l’image est animé d’une boulimie méthodique, alliant chacun de ses clichés malicieux à une composition graphique parfaite. Un jeune photographe découvre à l’époque son travail. C’est pour lui une révélation. Son nom ? Martin Parr. Sans Tony Ray-Jones, il n’aurait sans doute pas trouvé sa passion.

Emporté par une leucémie en 1972, à seulement 31 ans, Tony Ray-Jones laisse derrière lui une œuvre brève mais déjà entière, complète et profonde, trop peu dévoilée au public français. Comme souvent dans ce cas-là, elle ne sera vraiment reconnue qu’après sa mort. Ses planches-contacts témoignent d’une volonté de saisir « l’âme anglaise » dans ce qu’elle a de plus trivial et de plus universel à la fois. Aujourd’hui, comme pour beaucoup de géants des arts, son influence n’a fait que grandir. Et de nombreux photographes continuent de puiser dans son héritage, consciemment ou non, pour y renouer avec les origines de cette photographie éprise du goût de l’observation des petits moments de l’existence.

LA PRAIRIE

© Tony Ray-Jones  • Exposition Les Anglais dans le viseur