France
Au cœur du plus grand sanctuaire français

Le plus grand glacier français ? Oubliez Chamonix, il est à Kerguelen. La plus grande falaise du monde ? Les hawaïennes de Kahiwa pâlissent devant les 1 012 mètres de celle de Lesquin, à Crozet. Découvertes il y a 250 ans cette année, les îles australes composées des deux archipels Kerguelen et Crozet et des deux îles de Saint-Paul et Amsterdam sont l’un des joyaux des Terres Australes et Antarctiques Françaises (TAAF).

Méconnues du grand public, jamais enseignées dans les cours de géographie, elles constituent pourtant la plus grande réserve naturelle de notre pays et – bientôt – la plus grande aire marine protégée du monde avec une surface sanctuarisée de plus d’1,6 millions de kilomètres carrés. Surgissant au sud de l’océan indien, dans les célèbres latitudes des 40e rugissants, ces îles abritent des écosystèmes uniques au monde. Certaines des plus grandes colonies de manchots royaux, d’éléphants de mer, d’albatros hurleurs et d’otaries y ont élu domicile - et la crème des scientifiques, soutenus par l’Institut polaire français Paul-Emile Victor (IPEV), vient étudier cette biodiversité exceptionnelle.

La photographe Mélanie Wenger a pu embarquer à bord du navire ravitailleur des Terres Australes : le célèbre Marion Dufresne. Un voyage aux frontières de la convergence antarctique, zone cruciale dans le fonctionnement de notre planète où se rencontrent les courants marins polaire et subantarctique ; une expédition exceptionnelle à la redécouverte de ces confettis français du bout du monde.

LABYRINTHE VÉGÉTAL

France
Natura

Il y a une phrase que Bernard Descamps aime particulièrement, celle que Jacques Prévert a un jour dit au photographe humaniste Edouard Boubat : « Toi, tu es un correspondant de paix. » Cette expression, en opposition au très galvaudé « correspondant de guerre » a plu à Descamps qui avouait dans une interview en 2015 : « on aurait dû créer ce club. J’en aurais fait partie sans problème. »

Ce biologiste de formation embrasse la photographie dans les années 1970 mais reste passionné par la science qui, comme l’acte de photographier, est une tentative de comprendre le réel. « La réalité n’est pas que misère ou violence », aime dire celui qui, lors de ses voyages au Mali, en Inde, au Venezuela ou à Madagascar, préfère ne pas photographier la vie de manière trop explicite, trop documentaire. « J’appuie sur l’objectif quand je trouve ça beau », confie-t-il.

Membre fondateur de la grande agence française VU', en 1986, il s’applique à explorer, avec poésie et en noir et blanc, depuis 50 ans tous les coins de la planète comme tous les genres de son art, s’imposant en éternel inclassable et en inlassable voyageur. Dans cette exposition, ses photographies de paysages ou, plus précisément, la nature qu’elles reproduisent, semblent échapper du temps comme dans un rêve. Son but ? Provoquer chez celui qui regarde ses images l’émotion qu’il a lui-même ressenti en choisissant son cadre, sa composition et ses lumières. « La photographie est un autoportrait permanent », raconte-t-il. « Car on ne photographie pas tellement la réalité. On se photographie soi-même, projeté sur la réalité. »

LABYRINTHE VÉGÉTAL

Italie
La terre des misérables

Comme l’arbre qui cache la forêt, cette histoire est celle d’une crise qui en dissimule une autre. En août 2017, les violences qui éclatent dans l’état de Rakhine, en Birmanie, forcent les Rohingyas (une minorité musulmane apatride et fortement persécutée par la junte birmane) à fuir vers le Bangladesh voisin. C’est l’une des crises humanitaires les plus fulgurantes de l’histoire : 655 000 réfugiés, dont la moitié sont des enfants, se déplacent en quelques semaines. Cinq ans plus tard, ce sont près d’un million de réfugiés qui sont massés dans des camps dans la région de Cox’s Bazar.

Le photographe italien Gabriele Cecconi a voulu raconter les conséquences écologiques et environnementales de cette crise. Car au-delà de la détresse des réfugiés, de l’horreur des récits qu’ils rapportent de la Birmanie, leur arrivée massive et précipitée a eu des conséquences sur les ressources naturelles déjà limitées de leur terre d’accueil. En survivant dans des conditions difficiles, les Rohingyas ont enclenché malgré eux plusieurs problèmes : déforestation, augmentation des conflits avec une faune sauvage elle aussi en manque d’espace, tensions avec les Bangladais vivant également dans la précarité…

Dans cette époque où la migration - qu’elle soit économique, climatique ou sociale – s’annonce comme l’enjeu majeur de notre siècle, le travail de Gabriele Cecconi est essentiel. Il nous permet de comprendre que les crises migratoires et le phénomène des réfugiés ne peuvent pas être traités de manière simpliste.

CHEMIN DES LIBELLULES

France
Homo Detritus

« La République démocratique du Congo est un scandale géologique. » Sans détour, le photographe français donne le ton de son propos. Deuxième plus grand pays des 54 états qui composent le continent africain, la RDC ou Congo Kinshasa possède l’un des sous-sols les plus riches au monde : or, coltan, diamant, cobalt, pétrole… Il demeure pourtant à la huitième place sur la liste des pays les plus pauvres de notre planète.

Dans la capitale, les bidonvilles croulent sous les déchets en tout genre : téléphones portables, plastiques, bouchons, mousses synthétiques, chambres à air, tissus, câbles électriques, seringues, cartons, capsules, pièces détachées de voiture, canettes…

Dans cette série de portraits, Gladieu met en scène un collectif d’artistes fondé il y a six ans par le plasticien Eddy Ekete. Ces peintres, chanteurs et musiciens se sont unis pour dénoncer la tragédie de leur quotidien, les guerres qui en découlent, l’exploitation des femmes et des hommes, et la misère qui les prive de toute dignité.

Utilisant les détritus comme matière première, ils confectionnent des tenues et des masques inspirés des traditions africaines pour dénoncer le chaos écologique dans lequel la RDC est maintenue. « Le collectif m’a accueilli pour réaliser ce projet », raconte le photographe. « J’ai choisi de réaliser leurs portraits dans les rues de Kinshasa, avec des décors et des personnages qui se répondent. » Des Homo Détritus, fabuleusement grotesques et terriblement évocateurs d’un mal moderne : celui de la vanité de la surconsommation.

GARAGE

Inde
Nocturne indien

Avec 1 milliard 380 millions de personnes vivant sur son territoire, l’Inde est le deuxième état le plus peuplé de la planète, après la Chine, et loin devant les États-Unis. Une démographie qui, conjuguée à une urbanisation galopante et une modernisation fulgurante, a transformé le pays en un ogre énergivore : New Dehli caracole en tête du classement des villes les plus polluées du monde. Et pour cause. Deux millions et demi de tonnes de charbon sont englouties chaque jour pour les besoins énergétiques de la population indienne (70% de l’électricité est produite par des centrales à charbon). Et, si lors de la COP26, le Premier ministre Narendra Modi a bien annoncé souhaiter atteindre la neutralité carbone d’ici à 2070, en investissant massivement dans les énergies renouvelables, son gouvernement n’a rien fait pour diminuer la dépendance indienne vis-à-vis du charbon. Bien au contraire : 40 mines de charbon ont récemment été mises aux enchères par l’État à des fins commerciales.

Photographe pour l’AFP, Money Sharma illustre par ses images tous les maillons de la chaine du charbon indienne : de la consommation domestique, pour faire bouillir de l’eau ou chauffer son foyer, jusqu’à l’immensité des mines depuis lesquelles sont excavées les milliers de tonnes de cet or noir. Un combustible qui empoisonne la planète et la santé des populations vivant sur ces terres écorchées et balafrées de crevasses d’où s’échappent flammes et gaz toxiques.

VENELLE DU COURTIL SAINT-VINCENT

Trees

« Sans une presse libre, aucun combat ne peut être entendu. »

À l’heure où les sociétés se déchirent autour de fake-news alimentant des réseaux sociaux qui enferment les individus dans des bulles d’informations ne confirmant que ce qu’ils pensent déjà, la devise de Reporters sans frontières retentit comme une alarme.

Ardent défenseur de la liberté des journalistes, RSF a également toujours été un partenaire des photographes de presse et de la photographie en général. Pour célébrer le 30e anniversaire de leur revue mettant à l’honneur aussi bien des illustrateurs que les plus grands noms de l’image fixe, le Festival Photo La Gacilly, dans un souci permanent d’engagement, s’associe avec RSF dans la publication d’un numéro spécial consacré aux arbres et dont les clichés seront présentés sur nos cimaises tout l’été.

100 photos de 100 grands noms de la photographie s’articulent autour de ce thème commun de l’arbre : qu’il soit le sujet principal de l’image, un simple élément de décor, un point de détail ou même une ombre portée sur un mur.
L’occasion de réfléchir à la place que l’arbre occupe dans nos vies et dans la perception du monde qu’ont les photographes. De montrer comment, inconsciemment ou non, leur regard s’appuie sur eux pour construire leur image. Le premier arbre est apparu sur terre il y a 385 millions d’années et, depuis l’aube de notre espèce, a toujours été un repère essentiel dans l’histoire de l’humanité. Ces images montrent comment il s’est enraciné dans nos vies et dans notre imaginaire commun.

GARAGE

Russie
Nowhere Near

 Alisa Martynova est une photographe russe basée à Florence. Depuis quatre ans, elle travaille sur le sujet de la migration. D’abord au travers d’un projet historique sur les descendants des migrants venus de Russie (d’où elle vient) vers l’Italie (où elle vit), suite à la révolution de 1917. Ensuite, en tournant son regard vers ceux venus en Italie plus récemment, par la mer, après à un périlleux exil durant lequel ils ont risqué leur vie. Une étude de l’Organisation Internationale pour les Migrations, parue en 2016, répertorie les principaux facteurs qui poussent ces individus à fuir leur pays. En ressortent l’insécurité, les conflits, et les discriminations sexuelles, sociales ou religieuses. Des situations d’urgence qui dépassent largement les arguments économiques souvent utilisés politiquement ou la recherche d’un travail.
Ils viennent du Nigeria, de Gambie ou de la Côte d’Ivoire. Pour beaucoup, le rêve s’arrête en prison en Libye où les actes de torture, esclavages et viols se multiplient. À la recherche d’un Eldorado, ou du moins d’un endroit vivable où s’installer, ils voyagent, dissimulés, nuit après nuit. Après une longue traversée en bateau, ils deviennent des étoiles, qui s’évaporent dans la nuit et forment une constellation. Dans leurs différences et similarités, ils témoignent tous et toutes d’un rêve, d’un horizon commun pour lequel chacun abandonnera une petite partie de soi.

ARBORETUM

En collaboration avec Fisheye Magazine et Fisheye Gallery.
Exposition produite grâce au soutien et à l'expertise du laboratoire Agelia.

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France
Frontières

C’est un fait, les frontières sont une construction humaine. Mouvantes, elles évoluent avec l’histoire. Pourtant, avec le temps, nous oublions qu’elles appartiennent au monde des hommes, qui ont marqué le paysage et créé des clivages, qu’ils soient géographiques, culturels ou sociaux. Elles répondent à un besoin de simplification pour définir le monde : le dedans, le « Nous » et ce qui est extérieur, « l ‘Autre ».
Les frontières sont l’héritage et la manifestation d’une lente construction culturelle, conceptuelle et technologique : les langues, monnaies, barrières, papiers d’identité, caméras, satellites de surveillances… et de nombreuses autres inventions qui structurent le sentiment d’appartenance.

Dans ce travail fait en France, le photographe Maxime Taillez crée une résonance entre toutes ces notions complexes qui constituent les frontières, physiques ou immatérielles, et nous invite à repenser notre propre relation à cette notion clé qui définit à la fois une limite et une ouverture. En Europe, grâce à l’espace Schengen, les biens et les personnes résidentes du territoire profitent d’une grande liberté de circulation. Les délimitations disparaissent et des territoires qui étaient séparés sont maintenant liés. Les individus circulent poursuivant les avantages de tel ou tel espace. La nature aussi reprend ses droits. Le spectateur découvre au travers de cette série photographique, une variété de paysages naturels ou artificiels, où seulement de petites traces de ces séparations témoignent et nous questionnent encore sur ces frontières.

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France
Écosystèmes

Chloé Azzopardi est une photographe française vivant et travaillant entre Paris et le massif montagneux catalan Montserrat. Elle privilégie les travaux au long-court, s’intéressant à la santé mentale, à l’éthologie et à la construction d’un futur imaginaire dépassant notre ère actuelle. Dans cette série, la photographe développe une fable futuriste et métaphorique questionnant la relation de l’humain à l’animal. Pendant longtemps, la philosophie occidentale a distingué les espèces, la nature et la culture, au point de nous séparer du reste du vivant et d’oublier toute l’interdépendance de la nature. Une pensée qui va pourtant à l’encontre des grands principes scientifiques sur l’équilibre fragile de notre environnement et de la réalité de nos origines : nous sommes par exemple plus proches du chimpanzé avec qui nous partageons environ 98 % de notre ADN, qu’il ne l’est lui-même du gorille. Dans cet écosystème fantasmé, de nouvelles relations interespèces peuvent être imaginées, formant une communauté préservée du prisme de l’utilité ou de la servitude. Une fiction intimiste qui nous éclaire sur la possibilité d’une (r)évolution de notre conception du vivant.

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